« L’ORTHOGRAPHE EST UN MARQUEUR SOCIAL »
Cachez cette faute que je ne saurais voir.
Les Français ont une relation passionnée avec l’orthographe. Près de neuf personnes sur dix se disent choquées quand elles repèrent une erreur dans un courrier administratif ou professionnel, selon une enquête Ipsos pour les Editions le Robert, menée dans le cadre du lancement du Robert correcteur, ce jeudi.
Les Français maîtrisent paradoxalement de moins en moins bien notre langue. Le nombre de faute par dictée est par exemple passé de 10.7 en 1987 à 14.7 en 2007, selon une note du ministère de l’Éducation nationale. 84 % des Français sont gênés lorsqu’ils font une faute d’orthographe et pensent que cela ternit leur image. Car le «tabou de l’orthographe n’est pas encore tombé», estime Alain Rey, linguiste, lexicographe, et figure emblématique de la rédaction des dictionnaires Le Robert.
Comment expliquer cet amour des Français pour l’orthographe?
L’orthographe est en quelque sorte un patrimoine culturel partagé. Certaines langues sont plus faciles dans la mesure où lorsqu’on sait les prononcer, on sait les écrire comme l’espagnol. Pour le Français, c’est plus difficile car prononciation et écriture se sont séparées au cours de notre histoire. Beaucoup de lettres ne sont pas prononcées, comme dans le mot doigt par exemple. Il est intéressant de remarquer qu’aujourd’hui, le tabou des «gros mots» est tombé, mais pas celui de l’orthographe.