L’ÉCOLE FINLANDAISE, LES CLÉS DE LA RÉUSSITE. UN MODÈLE TRANSPOSABLE EN FRANCE ?
Au rythme des différentes enquêtes PISA (Programme for International Student Assessment [1]), la France est régulièrement pointée du doigt pour ses « mauvaises » performances comparées aux autres pays de l’OCDE [2]. On lui reproche notamment des performances moyennes sur les différentes matières évaluées, mais surtout une grande inégalité des performances en fonction du milieu social des élèves. En parallèle, sur le podium des meilleures performances, on retrouve régulièrement, et souvent à la première place (tous critères d’évaluation confondus), la Finlande. L’objet de cet article est donc de se questionner sur les raisons qui expliquent les très bonnes et récurrentes performances finlandaises et d’ouvrir quelques pistes de réflexion sur ce qui pourrait être mis en œuvre en France au lycée, notamment dans nos filières STMG, pour améliorer la performance générale de nos élèves et réduire dans la mesure du possible, les inégalités. Avant d’approfondir notre réflexion, il est important de noter que cette étude se concentre sur les approches pédagogiques finlandaises mises en place en primaire et au collège car la performance PISA se mesure pour des élèves âgés de 15 ans (niveau fin de collège).
La Finlande et la France face à l’enquête PISA
1.1. Qu’est-ce que l’enquête PISA ?
PISA est l’acronyme en français du Programme International pour le Suivi des Acquis des élèves, c’est une enquête internationale qui évalue dans quelle mesure les élèves de 15 ans réussissent à mobiliser leurs connaissances et leurs compétences en compréhension de l’écrit, en sciences et en mathématiques pour résoudre des problèmes qu’ils pourraient rencontrer dans le monde réel. PISA est une évaluation internationale qui regroupe 79 pays pour sa session 2018.
Organisée tous les trois ans depuis 2000 (elle regroupait alors 32 pays), cette enquête permet de suivre au fil du temps l’évolution des compétences et des performances scolaires des jeunes en fin de scolarité obligatoire. PISA permet de comprendre le niveau d’éducation des pays en repérant ce que les élèves réussissent bien en identifiant les opportunités d’amélioration et en renseignant sur ce qui fonctionne dans les systèmes éducatifs des autres pays. L’âge retenu est de 15 ans, car c’est l’âge moyen international de la fin de la scolarité obligatoire. En France, ont participé à l’évaluation PISA 2015, des élèves de classe de seconde pour 71 %, de troisième pour 23 %, de première pour 3 %, de quatrième pour 1 % en enfin en « situations autres » pour 2 % [4]. Les élèves retenus pour participer à l’enquête PISA ne se préparent pas à l’avance et doivent répondre à des questions présentant des situations que l’on peut rencontrer dans la vie réelle. Nombreux sont les exercices interactifs où l’élève devra manipuler différents éléments d’information. Les résultats internationaux paraissent au mois de décembre de l’année qui suit l’évaluation. Les longs délais (une année) entre les évaluations et les résultats s’expliquent par le grand nombre de pays participants et le fait que les données préparées par le consortium international soient soumises à différentes procédures de vérification et de validation. Ainsi, la dernière étude PISA a eu lieu en 2018 et sera publiée en décembre 2019 ; la précédente étude datait de 2015 avec une publication en 2016.
1.2 Les bons résultats de la Finlande, l’élève « modèle »
Déjà en 2000 la Finlande était en tête des 32 pays et depuis cette date, elle conserve sa place sur le podium avec :
Une proportion plus élevée d’élèves à bon niveau ;
Une plus faible disparité de performances entre les différents élèves ;
Une faible proportion d’élèves en « bas de l’échelle » ;
Une très faible variation des résultats par établissement ;
Une forte capacité à corriger les effets des inégalités sociales. [5]
1.3. Comment se positionne la France parmi les pays participants ?
Dans la dernière étude PISA publiée en 2016, la France quant à elle, occupe la 27e place sur 72 pays évalués. Elle se situe tout juste dans la moyenne de l’OCDE mais loin derrière la Finlande, le Japon, le Canada, l’Allemagne ou la Belgique. Ce qui est principalement reproché à la France, c’est une relation très forte, de l’ordre de 20 %, entre les performances et le milieu socio-économique de l’élève, alors qu’à titre de comparaison ce taux n’est que de 13 % en moyenne au niveau de l’OCDE. Son manque de performance et son manque « d’équité sociale » soulignés dans l’enquête PISA 2015 (publiée en 2016) sont résumés ci-dessous :
Le manque de performance: Les résultats français en termes de performance en sciences, mathématiques et compréhension de l’écrit sont moyens et ne progressent pas par rapport aux enquêtes précédentes. Ainsi, l’école française se divise en deux catégories, celle des bons élèves dont la proportion est stable et supérieure à la moyenne des pays de l’OCDE et la seconde catégorie, celle des élèves en difficulté toujours plus nombreux et supérieurs à la moyenne de l’OCDE. Ces résultats sont préoccupants car ils soulignent que l’école française est bien plus inégalitaire que la plupart des écoles des pays de l’OCDE. Cette inégalité est aussi accentuée par le manque « d’équité sociale ».
Un manque « d’équité sociale » : En 2015, les inégalités au niveau de la performance en sciences des élèves issus de différents milieux socio-économiques sont toujours aussi fortes qu’en 2006. Ce critère est aggravé par l’insertion professionnelle difficile des jeunes les moins qualifiés. Cette situation est d’autant plus inquiétante car selon PISA il existe un lien très étroit entre l’équité et la performance générale d’un système d’éducation, à savoir que la capacité d’un système à faire progresser les élèves en difficulté améliore la qualité générale du système et donc sa performance globale.